Exposition permanente d'art "Moyens de survie - Témoignage - Œuvre d'art - Mémoire de l'image"
Dans l'ancien bâtiment restauré de la désinfection se tient depuis 1998 une exposition permanente d'art sur environ 400 m². Plus de 260 objets y sont exposés : des ouvrages qui ont vu le jour au camp, des œuvres réalisées par d'anciens détenus, ainsi que celles d'artistes contemporains qui tentent une approche critique de la fracture que le nazisme a provoquée dans la civilisation. Dans la cave du bâtiment de la désinfection se trouvent des salles destinées à des expositions temporaires.
La SS a fait construire la désinfection lorsque Buchenwald devint à partir de 1942 une plaque tournante pour la main-d'œuvre en provenance de l'Europe entière. Les nouveaux arrivants devaient déposer dans le bâtiment leurs vêtements civils et tous leurs biens personnels, avant d'être rasés et désinfectés. Les vêtements étaient traités contre la vermine dans les salles de désinfection. Puis les prisonniers étaient poussédes dans un couloir souterrain jusqu'au bâtiment voisin de l'entrepôt.
S'opposant à l'utilisation d'autrefois, symbole d'un lieu où la plus profonde humiliation était infligée aux détenus, celle d'aujourd'hui lui fait face : l'art présenté dans les salles qui ont servi à priver des êtres humains de leur identité revient ici à exprimer un hommage. L'exposition est conçue de la façon suivante :
- L'art en provenance des camps de concentration
- Après la libération
- Réminiscences (Józef Szajna)
- Tentatives contemporaines
Dans la section « Œuvres d’art en provenance des camps » sont exposés les travaux qui ont vu le jour dans les kommandos extérieurs de Buchenwald (paysages, natures mortes). Leur faisant face se trouvent des dessins et esquisses réalisés par des prisonniers dans le camp principal sur l’Ettersberg, ordonnés par thèmes : « Le lieu », « Le quotidien », « Portrait », « Paysage ».
Des dessins de Paul Goyard, sur lesquels il a pérennisé comment des cadavres de détenus sont déchargés dans un charnier sur le versant sud de l’Ettersberg, sont exposés dans une pièce à part. Outre les travaux de Goyard est présenté le cycle de gravures de José Fosty, Les dimanches de Buchenwald.
Une œuvre clé de l’exposition demeure l’installation Réminiscences du metteur en scène de théâtre polonais à la célébrité internationale, Józef Szajna. Elle est dédiée à la mémoire des professeurs de l’Académie des Arts de Cracovie déportés et assassinés à Auschwitz. L’œuvre, montrée en 1970 à la Biennale de Venise, fait partie des approches artistiques essentielles de la césure dans la civilisation que représente le nazisme.
Exposée pour la première fois, une tapisserie d’Anne Aknin qui vit à Paris. Elle avait été déportée début août 1944 dans le camp extérieur de femmes de Leipzig du camp de Buchenwald. Réalisée en réaction directe aux guerres de l’ancienne Yougoslavie dans les années 1990, l’œuvre reflète également les souvenirs qu’Aknin a de la période qu’elle a passée dans les camps.
L’aile vitrée des salles de désinfection abrite dorénavant des sculptures et des ébauches de monuments commémoratifs : travaux en pierre et bronze pour des monuments à Bad Salzungen, Ravensbrück et Buchenwald datant des années 50, études d’Erich Wurzer, Will Lammert, Theo Balden et Fritz Cremer, ainsi que des ébauches destinées au Mémorial de Buchenwald, datant des années 80 mais qui n’ont pas été réalisées, de Johann-Peter Hinz (Mahnmal für sowjetische Kriegsgefangene) et de Wieland Schmiedel (Wegplatten - Gedanken in Buchenwald).
Une brochure gratuite avec les biographies des artistes présentés est disponible pour les visiteurs de l’exposition. La cave de l’ancien bâtiment de la désinfection a été aménagée de façon à recevoir des expositions temporaires.